Hé non, contrairement à ce que certains pensent, nous ne sommes pas ici juste pour le soleil et le paysage ! Même si ça aide, en effet…
Tout d’abord, il est important d’expliquer ce que veut dire « partir en mission ». Partir en mission, ça veut dire être prêt à donner tout son temps, pour une durée déterminée, sans choisir ni le lieu ni ce qu’on va y faire. En gros, c’est accepter de faire confiance à un organisme (dans notre cas, les MEP) qui ne nous connaît pas ou peu, il faut donc être prêt à tout ! Vous allez me dire « c’est pas un peu risqué ? Et quoi si la mission ne te correspond pas ? » Hé bien, pas de bol, j’ai envie de dire ! Mais en général, quand on part avec un organisme catholique, on pense que ce n’est pas à nous de choisir notre mission, mais que « c’est notre mission qui nous choisi » comme on dit ici. Donc quand on part avec cette idée en tête, on s’adapte à tout assez facilement. D’ailleurs, je connais peu de volontaires qui ne sont pas ravis de leur mission. Nous avons une amie volontaire qui avait postulé pour 6 mois de mission, elle voulait s’occuper d’enfants et être dans un pays pauvre. Elle s’est retrouvée avec une mission de 3 mois, en Corée, dans un centre pour personnes agées. Au début, quand on vous attribue votre mission, ça peut faire peur, surtout quand on nous donne l’inverse de ce qu’on a demandé. C’est là qu’est le défi ! Si c’est bien notre mission qui nous a choisi, alors c’est un signe pour nous pousser de l’avant, nous donner l’occasion de faire quelque chose que nous n’aurions jamais osé avant et donner le maximum pour y arriver.
Partir en mission, c’est donner son temps pour les autres, et accepter de passer souvent après. Il faut donc se rendre disponible au maximum, car les meilleurs moments de mission sont souvent dûs à des imprévus.
Assez blablaté, en quoi consiste notre mission ?
Notre mission comporte différents aspects. Tout d’abord nous habitons une petite maison, au cœur de Mae Sot, qui sert de point de ralliement aux volontaires en mission près de chez nous.
Nous avons donc très souvent du passage c’est pourquoi notre « cabane » est bien alimentée en livres, jeux de société…Occasionnellement, nous avons aussi la chance d’accueillir certains karens, comme Kitirot et Layo (du village de Mae Woei Clo). Cette mission d’accueil consiste d’une part à recevoir les volontaires de passage, et d’autre part, à aider pour l’organisation des week-ends volontaires qui ont lieu toutes les 6 semaines. Etant sur Mae Sot, qui est une ville, il nous est souvent demandé de rendre des petits services pratiques aux autres volontaires étant en mission dans des villages de montagnes : achat de tickets de bus, d’avion, recherche d’horaires et d’informations…
Un second aspect de notre mission est de travailler pour la coopérative de tissage « Terres Karens » (http://www.terres-karens.org/), créée par un ancien volontaire MEP, Alexis Balmont. Nous travaillons avec Jean-Baptiste Lassalas, en poste à Mae Woei Clo, village karen d’une centaine d’habitants situé au nord de Mae Sot (+- 5 heures de route en pick-up). Le principal objectif de Terres Karens est de faire travailler les femmes tisserandes du village afin qu’elles puissent trouver une source de revenus. Elles confectionnent des lés de tissus avec les fils que la coopérative a achetés, puis elles les vendent à la coopérative qui nous livre ensuite ces lés.
Notre cabane contient donc trois armoires remplies et notre mission est de trouver des débouchés pour tous ces lés qui s’amoncellent. Beaucoup de lés sont achetés par « Esprit Karen », association fondée par des expatriées à Bangkok qui y organisent des ventes régulières de sacs à main, essuies de plage, trousses en tout genre, porte-clés, cartables, coussins, etc. Nous travaillons actuellement avec deux ateliers de couture chargés de confectionner des produits avec ces lés.
Le premier, situé à Mae Woei Clo, réalise les produits destinés aux points de vente en Thaïlande. Nous en avons deux pour le moment : l’un à Mae Sot (le magasin Fare Trade : Weave), l’autre à Koh Tan (dans les îles, près de Koh Samui dans le Golfe de Thailande). Notre travail consiste, entre autres, à chercher de nouveaux points de ventes en Thaïlande. Nous sommes actuellement en train de créer un catalogue des produits réalisés à Mae Woei. L’autre atelier se trouve à Maesai, une ville au nord de la Thaïlande située à 9h de route de Mae Sot. Cet atelier appartient à une école fondée par la communauté de Bétharram où de jeunes étudiantes apprennent la couture. Les produits qui y sont confectionnés sont imaginés/créés par Esprit Karen et Terres Karens (anciens volontaires et nous-mêmes) mais sont destinés au marché français où d’anciens volontaires MEP se chargent de trouver des débouchés.
Récemment, avec l’aide du volontaire sur Mae Woei Clo, nous avons réalisé un dossier de demande de fonds pour la nouvelle construction de bâtiments pou
r l’atelier de couture du village. En effet, ce projet nécessite des donateurs en France et en Thaïlande.
Un autre aspect de notre mission est de donner cours en anglais à la New Blood School. Cette petite école se situe en dehors de Mae Sot, à 15 min en moto. Les étudiants sont des réfugiés Birmans, ayant entre 3 et 22 ans. Nous enseignons chacun 9 heures de cours par semaine, réparties sur 3 matinées (du mardi au jeudi). J’enseigne l’anglais à des jeunes de deux niveaux : Grade 8 (15-16 ans) et les Post 10 (17-22 ans). Les grands ont un
niveau d’anglais relativement élevé et ce dernier mois, je les a préparé afin de réussir leur examen d’entrée à l’université. Benoit, quant à lui, enseigne les mathématiques en anglais aux Grade 9 (16-17 ans) et de l’anglais aux Grade 6 (14-15 ans) et aux Grade 7 (15-16 ans). Les classes ne ressemblent évidemment pas à ce qu’on a en Europe. Par exemple, Benoit et moi enseignons dans dans une grande salle dans laquelle il y a trois classes différentes, sans cloisons pour les séparer. La classe de Benoit est tournée vers le Nord, la mienne est vers l’Ouest et vers le Sud est celle d’un prof thaï qui s’endort tout le temps en plein cours. Il n’y a pas vraiment de frontières entre les élèves de l’un ou de l’autre, ils suivent juste le cours le plus drôle et intéressant du moment. C’est donc souvent le capharnaüm, je vous laisse imaginer 🙂
Nous sommes également en charge d’un projet de construction dans cette école. Une association française, les « 10 Kilo’mep », participent au financement d’un bâtiment en dur, qui comportera 3 classes séparées. Le dossier est réalisé, nous n’attendons plus que les fonds de la Fran
ce afin de débuter la construction. En espérant que ça se concrétise avant la saison des pluies, sinon on ferait mieux d’être sponsorisé par « K-WAY » 🙂
Voilà, maintenant vous avez une idée un peu plus précise de ce qu’on fabrique ici J La suite sera pour de nouvelles aventures belgo-franco-thaïo-karen… « Tcheu khan maï » comme on dit ici (« à très bientôt ») !